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LVI

De Myrte et de Laurier fueille à fueille enserrez
Helene entrelassant une belle Couronne,
M’appela par mon nom : Voyla que je vous donne,
De moy seule, Ronsard, l’escrivain vous serez.

Amour qui l’escoutoit, de ses traicts acerez
Me pousse Helene au cœur, et son Chantre m’ordonne :
Qu’un sujet si fertil vostre plume n’estonne :
Plus l’argument est grand, plus Cygne vous mourrez.

Ainsi me dist Amour, me frappant de ses ailes :
Son arc fist un grand bruit, les fueilles éternelles
Du Myrte je senty sur mon chef tressaillir.

Adieu Muses, adieu, vostre faveur me laisse :
Helene est mon Parnasse : ayant telle Maistresse,
Le Laurier est à moy, je ne sçaurois faillir.