Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/181

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIV

Je te voulois nommer, pour Hélène, Ortygie
Renouvellant en toy d’Ortyge le renom.
Le tien est plus fatal : Helene est un beau nom,
Helene, honneur des Grecs, la terreur de Phrygie :

Si pour sujet fertil Homère t’a choisie,
Je puis, suivant son train qui va sans compagnon,
Te chantant m’honorer, et non pas toy, sinon
Qu’il te plaise estimer ma rude Poésie.

Tu passes en vertu les Dames de ce temps.
Aussi loin que l’Hyver est passé du Printemps,
Digne d’avoir autels, digne d’avoir Empire.

Laure ne te veincroit de gloire ny d’honneur
Sans le Ciel qui luy donne un plus digne sonneur,
Et le mauvais destin te fait présent du pire.