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L

Ces cheveux, ces liens, dont mon cœur tu enlasses,
Bougez, primes, subtils, qui coulent aux talons,
Entre noirs et chastains bruns déliez et longs,
Tels que Venus les porte et ses trois belles Grâces,

Me tiennent si estrains, Amour, que tu me passes
Au cœur en les voyant cent poinctes d’aiguillons,
Dont le moindre des nœuds pourroit des plus félons
En leur plus grand courroux arrester les menaces.

Cheveux non achetez empruntez ny fardez,
Qui vostre naturel sans feintise gardez,
Ha ! que vous estes beaux ! permettez que j’en porte

Un lien à mon col, à fin que sa beauté,
Me voyant prisonnier lié de telle sorte,
Se puisse tesmoigner quelle est sa cruauté.