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XLIX

Je voy mille beautez, et si n’en voy pas-une
Qui contente mes yeux : seule vous me plaisez,
Seule quand je vous voy, mes Sens vous appaisez :
Vous estes mon Destin, mon Ciel, et ma Fortune,

Ma Venus mon Amour ma Charité ma brune,
Qui tous bas pensemens de l’esprit me rasez,
Et de haultes vertus l’estomac m’embrasez,
Me soulevant de terre au cercle de la Lune.

Mon œil de vos regards goulûment se repaist :
Tout ce qui n’est pas vous luy fasche et luy deplaist,
Tant il a par usance accoustumé de vivre

De vostre unique douce agréable beauté.
S’il pèche contre vous affamé de vous suivre,
Ce n’est de son bon gré, c’est par nécessité.