Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

XXXVIII

Yeux, qui versez en l’ame ainsi que deux Planettes,
Un esprit qui pourroit ressusciter les morts,
Je sçay dequoi sont faits tous les membres du corps,
Mais je ne puis sçavoir quelle chose vous estes.

Vous n’estes sang ny chair, et toutefois vous faites
Des miracles en moy, tant vos regards sont forts,
Si bien qu’en foudroyant les miens par le dehors.
Dedans vous me tuez de cent mille sagettes.

Yeux la forge d’Amour, Amour n’a point de traits
Que les poignans esclairs qui sortent de vos rais.
Dont le moindre à l’instant toute l’ame me sonde.

Sans les sentir je meurs : soudain je suis refait
Quand je les sens au cœur, ayant le mesme effect
En moy par leur chaleur qu’a le Soleil au monde.