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XXXI

J’avois esté saigné, ma Dame me vint voir
Lorsque je languissois d’une humeur froide et lente :
Se tournant vers mon sang, comme toute riante
Me dist en se jouant, Que vostre sang est noir !

Le trop penser en vous a peu si bien mouvoir
L’imagination, que l’ame obéissante
A laisse la chaleur naturelle impuissante
De cuire de nourrir de faire son devoir.

Ne soyez plus si belle, et devenez Medee :
Colorez d’un beau sang ma face ja ridée.
Et d’un nouveau Printemps faites moy r’animer.
 
Æson vit rajeunir son escorce ancienne :
Nul charme ne sçauroit renouveller la mienne.
Si je veux rajeunir il ne faut plus aimer.