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XXII

Cusin, monstre à double aile, au mufle Elephantin,
Canal à tirer sang, qui voletant en presse
Sifles d’un son aigu, ne picque ma Maistresse,
Et la laisse dormir du soir jusqu’au matin.
 
Si ton corps d’un atome et ton nez de mastin
Cherche tant à picquer la peau d’une Déesse,
En lieu d’elle, Cusin, la mienne je te laisse :
Que mon sang et ma peau te soyent comme un butin.
 
Cusin, je m’en desdy : hume moy de la belle
Le sang, et m’en apporte une goutte nouvelle
Pour gouster quel il est. Hà, que le sort fatal

Ne permet à mon corps que le tien il peust estre !
Boivant son tiède sang, je luy farcis cognestre
Qu’un petit ennemy fait souvent un grand mal.