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XII

Prenant congé de vous, dont les yeux m’ont domté,
Vous me distes un soir comme passionnée,
Je vous aime, Ronsard, par seule destinée,
Le Ciel à vous aimer force ma volonté.

Ce n’est pas vostre corps, ce n’est vostre beauté
Ny vostre âge qui fuit vers l’Automne inclinée :
Ja cela s’est perdu comme une fleur fanée :
C’est seulement du Ciel l’injuste cruauté.

Vous voyant, ma Raison ne s’est pas défendue.
Vous puissé-je oublier comme chose perdue.
Helas ! je ne sçaurois et je le voudrois bien.

Le voulant, je rencontre une force au contraire
Puis qu’on dit que le Ciel est cause de tout bien,
Je n’y veux résister, il le faut laisser faire.