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XI

Trois jours sont ja passez que je suis affamé
De vostre doux regard, et qu’à l’enfant je semble
Que sa nourrice laisse, et qui crie et qui tremble
De faim en son berceau, dont il est consommé.

Puis que mon œil ne voit le vostre tant aimé,
Qui ma vie et ma mort en un regard assemble,
Vous deviez, pour le moins, m’escrire, ce me semble :
Mais vous avez le cœur d’un rocher enfermé.

Fiere ingrate et rebelle, à mon dam trop superbe,
Vostre courage dur n’a pitié de l’amour,
Ny de mon palle teint ja flestry comme une herbe.

Si je suis sans vous voir deux heures à séjour.
Par espreuve je sens ce qu’on dit en proverbe.
L’amoureux qui attend se vieillist en un jour.