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V

N’oubliez, mon Hélène, aujourd’huy qu’il faut prendre
Des cendres sur le front, qu’il n’en faut point chercher
Autre part qu’en mon cœur, que vous faites seicher,
Vous riant du plaisir de le tourner en cendre.
 
Quel pardon pensez-vous des Célestes attendre ?
Le meurtre de vos yeux ne se sçauroit cacher :
Leurs rayons m’ont tué, ne pouvant estancher
La playe qu’en mon sang leur beauté fait descendre.

La douleur me consume, ayez de moy pitié.
Vous n’aurez de ma mort ny profit ny louange :
Cinq ans méritent bien quelque peu d’amitié.

Vostre volonté passe et la mienne ne change.
Amour qui voit mon cœur voit vostre mauvaistié :
Il tient l’arc en la main, gardez qu’il ne se vange.