Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

III

Amour, qui as ton règne en ce monde si ample,
Voy ta gloire et la mienne errer en ce jardin :
Voy comme son bel œil, mon bel astre divin.
Surmonte de clairté les lampes de ton Temple.

Voy son corps des beautez le portrait et l’exemple,
Qui ressemble une Aurore au plus beau du matin :
Voy son front, mais un ciel seigneur de mon Destin,
Où comme en un miroer Nature se contemple.

Voy-la marcher pensive, et n’aimer rien que soy,
T’emprisonner de fleurs et triompher de toy :
Voy naistre soubs ses pieds les herbes bien-heureuses.

Voy sortir un Printemps des rayons de ses yeux :
Et voy comme à l’envy ses flames amoureuses
Embellissent la terre et serenent les Cieux.