Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIX

Ne romps point au mestier par le milieu la trame
Qu’Amour en ton honneur m’a commandé d’ourdir :
Ne laisses au travail mes poulces engourdir
Maintenant que l’ardeur à l’ouvrage m’enflame :

Ne verse point de l’eau sur ma bouillante flame,
Il faut par ta douceur mes Muses enhardir :
Ne souffre de mon sang le bouillon refroidir,
Et tousjours de tes yeux aiguillonne moy l’ame.

Dés le premier berceau n’estoufe point ton nom :
Pour bien le faire croistre, il ne le faut sinon
Nourrir d’un doux espoir pour toute sa pasture :
 
Tu le verras au Ciel de petit s’eslever.
Courage, ma Maistresse, il n’est chose si dure
Que par longueur de temps on ne puisse achever.