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LII

Dessus l’autel d’Amour planté sur vostre table
Me fistes un serment, je vous le fis aussi,
Que d’un cœur mutuel à s’aimer endurcy
Nostre amitié promise iroit inviolable.

Je vous juray ma foy, vous feistes le semblable,
Mais vostre cruauté, qui des Dieux n’a soucy,
Me promettoit de bouche, et me trompoit ainsi :
Ce-pendant vostre esprit demeuroit immuable.

O jurement fardé sous l’espèce d’un Bien !
O perjurable autel ! ta Deité n’est rien.
O parole d’amour. non jamais asseuree !

J’ay pratiqué par vous le proverbe des vieux :
Jamais des amoureux la parole jurée
N’entra (pour les punir) aux oreilles des Dieux.