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Echevelée en simple verdugade.

De ce jour là ma raison fut malade,
Mon cueur pensif, mes yeus chargés de pleurs,
Moi triste & lent: tel amas de douleurs
En ma franchise imprima son oeillade.

La je senti dedans mes yeus voller
Un dous venin, qui se vint escouler
Au fond de l’ame: & depuis cet outrage,

Comme un beau lis, au mois de Juin blessé
D’un rai trop chaut, languit à chef baissé,
Je me consume au plus verd de mon âge

M v'R E 1;; ‘ Daim Je: ?n’:.)ll pourf‍iii‘: comme Mu: furpgi: de- dans vn Pré P'a'r les beautés d’vne Naiade.


Quand ces beaus yeus jugeront que je meure,
Avant mes jours me foudroiant là bas,
Et que la Parque aura porté mes pas
A l'autre flanc de la rive meilleure :

Antres & prés, & vous foréts, à l'heure,
Je vous suppli, ne me dédaignés pas,
Ains donnés moi, sous l'ombre de vos bras,
Quelque repos de paisible demeure.

Puisse avenir qu'un poëte amoureus,
Aiant horreur de mon sort malheureus,
Dans un cyprés note cet epigramme :

CI DESSOUS GIT UN AMANT VANDOMOIS,
QUE LA DOULEUR TUA DEDANS CE BOIS :
POUR AIMER TROP LES BEAUS YEUS DE SA DAME.