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MURET.

Ores l’effroi.) Il dit que la peur, & l’esperance se combatent perpetuelement dans son esprit. Apres il souuhéte de jouir un jour de sa dame, & de mourir entre ses bras. Que je tondrai la fleur de son printans.) Que je jouirai d’elle. La locution est prise de Pindare aus Pythies, ὁσία κλυτὰν χεῖρα οἱ προσενεγκεῖν, ἦ ῥὰ καὶ ἐκ λεχέων κεῖρεν μελιηδέα ποίαν, Honnestement entre ses bras je meure.) Selon ce que dit Pétrarque, un bel morir tutta la vita honora.) Et Virgile. Pulchrúmque mori succurrit in armis.) Et Tyrtæe,
Τεθνάμεναι γὰρ καλὸν ἐπὶ προμάχοισι πεσόντα
Ανδῥα ἀγαθὸν.
Telle mort se souhétoit Ovide disant,
At mihi contingat Veneris languescere motu,
Cum moriar, medium soluar & inter opus.
Atque aliquis nostro lacrymans in funere dicat,
Conueniens uitae mors fuit ista tuae.
Et en un autre lieu,
Di faciant, lethi causa sit ista mei.


Je voudrois estre Ixion et Tantale,
Dessus la roüe, et dans les eaus là bas :
Et quelque fois presser entre mes bras
Cette beauté qui les anges egale.

S'ainsin étoit, toute peine fatale
Me serait douce, et ne me chaudroit pas
Non d'un vautour fussai-je le repas
Non qui le roc remonte et redevale.

Lui tatonner seulement le tetin
Echangeroit l'obscur de mon destin
Au sort meilleur des princes de l'Asie :