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loient quelque fois un peu de travers, affin de s’entraccrocher. Et que par l’assemblement fortuit d’iceus, & le monde, & toutes choses en icellui contenues avoient esté composées: comme on peut voir dans Lucrece, & dans Ciceron en plusieurs lieus. Le Poete dit, qu’en telle sorte, se sont assemblés dans lui comme de petits cors d’affections, lesquels croisans le, vain c’est a dire, tombans de travers par le vuide de son amour, ont bâti, & façonné dans fon cœur, un univers, c’est a dire, un monde amoureus. Or les filosofes disent que quand une chose composée vient à se resoudre, les parties qui tenoient du feu, retournent en feu: celles qui tenoient de l’aer, rerournent en aer, & ainsi des autres: Il demande donc, s’il avient, que les beautés de sa dame le facent mourir, en quoi retournera ce petit univers amoureus, qu’il a dans le cœur, Et respond, qu’il ne retournera en aer, en terre, en eau’, ni en feu, mais seulement en une vois, qui eternellement publira les louanges de sa dame par tout le monde. Parmi leur cheute.) Par leur cheute. Parmi, en lieu de, par, est un mot Vandomois, non toutefois a rejetter: car comme les Poetes Grecs ont librement usé des Dialectes, c’est a dire, des differences de la langue Greque, ainsi faut il permettre aus François, qu’ils usent, avec modestie, de celles de la langue Francoise, si nous voulons la tirer hors d’enfance. Ces tresses orines.) Ces cheveus d’or. Orin, rosin, ivoirin, & tels autres mots sont de l’invention de Jan Antoine de Baïf.


Dous fut le trait, qu'Amour hors de sa trousse,
Pour me tuer, me tira doucement,
Quant je fu pris au dous commencement
D'une douceur si doucettement douce.

Dous est son ris, & sa vois qui me pousse