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Cette beauté qui tant me fait de guerre?

Si l'un de vous la contemple ça bas,
Libre par l'aer il ne refuira pas,
Tant doucement sa douce force abuse.

Ou, comme moi, esclave le fera,
Ou bien en pierre el' le transformera
D'un seul regard ainsi qu'une Meduse.

MURET.

AELes Démons.) Les anciens, & principalement les Platoniques ont pensé entre le globe de la lune, & la terre, estre la demeure des esprits, qu’ils apelloient Démons, tenans en partie de l’humanité, en partie de la divinite: de cette ci entant qu’ilz sont immortels, comme les dieus: de cette la, entant qu’ils font subjets a passions & afections comme les hommes. Disent d'avantage, que par le moien d’iceus, les choses humaines font portées aus dieus, & les divines sont communiquées aus hommes. Voi Platon au Banquet, & Ficin au Commentaire. Le Poète parle a ces Demons, & leur demande, si montant au ciel , ou en descendant, ils ont point aperceu sa dame. Dit davantage, que si quelcun d’eus la voit, il ne pourra pas s'en refuir au ciel, car ou elle le rendra esclave de sa beauté, ou mesme le changera en pierre, c’est a dire, le rendra du tout insensible. Grand erre,) Grand trein. Ainsi ne vous enserre Quelque sorcier.) Il parle selon l’opinion du vulgaire, qui croit, que les sorciers ont pouvoir d’enserrer les esprits. Avous.) Comme les Latins disent, Sis, pour Si vis, Ainsi les Francois, avous, pour aves vous. Ainsi qu'une Meduse,) J’ai parlé de Meduse en un autre lieu.