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Ange divin, qui mes plaïes embâme' ,
Le truchement & le heraut des Dieus,
De quelle porte es tu coulé des cieus,
Pour soulager les peines de mon ame?

Toi, quand la nuit comme un fourneau m'enflamme,
Aiant pitié de mon mal soucieus:
Or, dans mes bras, ore dedans mes yeus,
Tu fais nouër l'idole de ma Dame.

Las, ou fuis tu? Aten encor un peu,
Que vainement je me soie repeu
De ce beau sein, dont l'apetit me ronge:

Et de ces flancs qui me font trépasser,
Sinon d'effet, seuffre au moins que par songe
Toute une nuit je les puisse embrasser.

MURET.

Ange divin. Il parle encor a ce songe, & le prie de permettre que sa joie soit un peu de plus longue durée. Il l'apelle Ange, c'est a dire messager divin , par ce que les dieus revelent souvent aus hommes leur volunté, par songes. A mesme raison il le nomme héraut, & truchement des dieus. καὶ γὰρ τ'ὄναρ δίος ἐσι: dit Homere au premier de l’Iliade.


Aelés Démons qui tenés de la terre,
Et du haut ciel justement le millieu:
Postes divins, divins postes de Dieu,
Qui ses segrés nous aportés grand erre.

Dites Courriers (ainsi ne vous enserre
Quelque sorcier dans un cerne de feu)
Rasant nos chams, dites, avons point veu