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l’amour procede. Au labyrint.) Ainsi se nommoient ancienement lieus faits de tel artifice, qu’a grand’peine en povoit on sortir, i estant une fois entré. Pline dit qu’il i en eut quatre principalement renommés.


 
Un chaste feu que les coeurs illumine,
Un or frisé de meint crespe anelet,
Un front de rose, un teint damoiselet,
Un ris qui l'ame aus astres achemine :

Une vertu de telles traces digne,
Un col de neige, une gorge de lait,
Un coeur jà meur dans un sein verdelet,
En dame humaine une beauté divine :

Un oeil puissant de faire jours les nuits,
Une main forte à piller les ennuis,
Qui tient ma vie en ses dois enfermée :

Avec un chant offensé doucement,
Ores d'un ris, or d'un gemissement :
De tels sorciers ma raison fut charmée.

MURET.

Un chaste feu.) Il raconte les beautés & bonnes grâces de sa dame, & dit que ce sont les sorciers, par lesquels son entendement fut charmé. Je ne craindrai point, pour le contentement des lecteurs, de mettre ici un Sonet de Petrarque, duquel cettui-ci est presque tout traduit.
Gratie ch'a pochi'l ciel largo destina,
Rara virtu, non gia d'humana gente,
Sotto biondi capei canuta mente,
E'n humil donna alta belta divina:

Leggiadria singulare e pellegrina,
E'l cantar, che ne l'anima si sente,
L'andar celeste, e'l vago spirto ardente,
Ch'ogni dur rompe, & ogni altezza inchina,