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Du faus & vrai la pronte messagere.) La Renommée ainsi appellée par Vergile. Le vent Borée.) Aquilon, la Bise. Ignorant le repos.) Qui ne peut reposer. Ainsi Horace,
Pelidae stomachum cedere nescii.
Et Valere Flacque, Ignarus Cereris terras. Fait aelé belliqueur.) Changé en un guerrier volant. Comme un Zethes.) Il compare son penser a Zethes, & sa dame a une Harpye. Pour entendre ceci, il faut sauoir qu’il fut un roi es parties de Bithynie & Paphlagonie, nommé Phinée, homme tresexpert en maniere de predire les choses a venir. Icelui pour avoir trop apertement revelé aus hommes les secrets des dieus, fut premierement aveuglé par Jupiter, & d’avantage fort estrangement tormenté par les Harpyes. Or etoient les Harpyes oiseaus monstrueus, aians visage de pucelles, les mains crochues, un ventre grand a merveilles, & une perpetuelle faim. Ces monstres, incontinent que Phinée vouloit prendre sa refection, venoient soudain se ruer sur la viande, & la lui rauissoient quelque fois toute, quelque fois lui en laissans une bien petite partie, mais tellement empuantie par leur atouchement, que nul n’en povoit souffrir l’odeur. Lui étant ainsi miserable, avint que Iason, & les autres Argonautes allans a la conqueste de la toison d’or, vindrent surgir en un port de Bithynie, ou le pauvre Phinée faisoit sa demourance. Parmi leur bande etoient deus enfans du vent Borée, nommés Zethes, & Calais, qui voloient par l’ær, tout ainsi qu’oiseaus. Par ceus la, avoit de long tans preveu Phinée, qu’il devoit estre delivré des Harpyes. Parquoy, prenant un petit baston en main pour sa guide, à leur débarquer, vint treshumblement les recueillir, leur expoſant ſon infortune, & les ſuppliant de lui donner ſecours. Leur remontrant, qu’il etoit leur prochain allié, aiant autreffois eu a femme une leur seur nommée Cleopatre: & qu’il avoit de longtans preveu, qu’en leur seule vertu,