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Pour estre en vain tes beaux soleils aimant,
Non pour ravir leur divine etincelle,
Contre le roc de ta rigueur cruelle
Amour m’atache a mille clous d’aimant.

En lieu d’un Aigle, un soin horriblement
Claquant du bec, & siflant de son aele,
Ronge goulu ma poitrine immortelle,
Par un desir qui naist journellement.

Mais de cent maus, & de cent que j’endure,
Fiché, cloüé, dessus ta rigueur dure:
Le plus cruel me seroit le plus dous,

Si j’esperois apres un long espace,
Venir vers moi l’Hercule de ta grace,
Pour delacer le moindre de mes nous.

MVRET.

Pour estre en vain.) Il continue encores a se comparer à Promethée, & se dit estre tormenté, non pour avoir ravi le feu du Soleil, comme lui: mais pour avoir trop aimé les beaus Soleils, c’est a dire les yeus de sa dame. Contre le roc de ta rigueur.) Comme contre un Caucase. Si j'esperois.) Apres que Promethée eust long tans demeuré en la misere que j’ai ditte, Hercule allant avec Jason & les autres a la conqueste de la toison d’or, & passant par Scythie, par le commandement de Jupiter, le délia, aiant premièrement tué L’aigle a cous de fleches. La fable est dans le Commentateur d’Apolloine sur le second livre, & dans Valere Flacque au quatrième, & cinquième des Argonautiques.