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Par vous, bel oeil, en soufrant je me tais,
Mais aussi tôt que la douleur me touche,
Toi belle, sainte, & angelique bouche,
De tes douceurs revivre tu me fais.

Bouche pourquoi me viens-tu secourir,
Quand ce bel oeil me force de mourir?
Pourquoi veus-tu que vif je redevienne?

Las! bouche, las! je revis en langueur,
Pour plus de soin, afin que le soin vienne
Plus longuement se paitre de mon coeur.

M V R E T. Cet œil Inf‍llm.) (and l’œilde [à dame eft pref‍iâle

fait: mounr,la bouche le fait reuiuxe. af‍in que (on,

tourment foi: perpezuel.


Depuis le jour que mal sain, je soupire,
L'an dedans soi s'est roüé par set fois.
(Sous astre tel je pris l'hain) toutefois
Plus qu'au premier ma fievre me martire.

Quand je soulois en ma jeunesse lire
Du Florentin les lamentables vois,
Comme incredule, alors je ne pouvois
En le moquant, me contenir de rire.

Je ne pensoi, tant novice j'étoi
Qu'home eut senti ce que je ne sentoi,
Et par mon fait les autres je ne jugeoie.

Mais l'Archerot qui de moi se facha,
Pour me punir, un tel soin me cacha
Dedans le cœur, qu'onque puis je n'eus joie.