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Tire un peu ta bouche arriere,
Le dernier baiser donné
A tellement étonné
De mile douceurs, ma vie,
Qu'il me l'a presque ravie,
Et m'a fait voir à demi
Le Nautonnier ennemi,
Et les pleines où Catulle,
Et les rives où Tibulle,
Pas à pas se promenant,
Vont encore maintenant
De leur[s] bouchettes blémies,
Rebaisotans leurs amies.

M V R E T. e f‍inie: Nymphe.) Cette chanfon et! af‍l'ëe aif‍ie de foi,


Des Grecs marris l’industrieuse Helene,
Et des Troïens, ouvrageoit les combas,
Dessus ta gaze en ce point tu t’ebas
Traçant le mal duquel ma vie est pleine.

Mais tout ainsi, maitresse, que ta laine
D’un filet noir figure mon trespas,
Tout au rebours, pourquoi ne peins-tu, las!
De quelque verd un espoir à ma peine?

Las! je ne voi sur ta gaze rangé
Sinon du noir, sinon de l’orangé,
Tristes témoins de ma longue soufrance,

O fier destin, son oeil ne me defait
Tant seulement, mais tout ce qu’elle fait,
Ne me promet qu’une desesperance.