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Aians la mort dans le sein,
De leur main
Plomboient leur poitrine nue :
Et tordant leurs cheveus gris,
De lons cris
Pleuroient qu’ils ne l’avoient creüe.

Mais leurs cris n’eurent pouvoir
D’emouvoir
Les Grecs si chargés de proie,
Qu’ils ne laisserent sinon,
Que le nom
De ce qui fut jadis Troie.

Ainsi pour ne croire pas,
Quand tu m’as
Predit ma peine future :
Et que je n’aurois en don,
Pour guerdon
De t’aimer, que la mort dure :

Un grand brasier sans repos,
Et mes os,
Et mes nerfs, et mon cœur brûle :
Et pour t’amour j’ai receu
Plus de feu
Que ne fit Troie incredule.