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icelles nous sont communiquées, dont nous esperons que nostre langue Françoise (qui a esté cy deuant aucunement indigente & peu polye) se pourra facilement agencer , polir & rendre aussi copieuse & facunde, que les dessusdictes & autres quelzconques peregrines langues : Comme desia nous tesmoignét les Sonetz, Odes & autres chãtz, Canticques & poëmes de Pierre de Ronsard gentilhomme Vandomois. Lequel (comme vng chacun peult cognoistre) a de fi pres suiuy les anciens & excellens poëtes Grecz & Latins, tant en subtilité de poësie & grauité de sentences, qu’en proprieté, doulceur & grace de langage, que tous les doctes de nostre tems (a bon droičt) le confessent meriter de nostre langue Françoise nõ moins que Pindare de la Grecque, & Horace de la Latine. Et que parle moyen de luy & d’aucuns autres studieux de l’ensuyure & imiter, nostredicte langue se pourroit en peu de temps égaler à la dignité de la Grecque si n’estoit l’auarice, ignorance & negligence de plusieurs Imprimeurs lesquelz des qu’ilz peuuêt recouurer aucuns liures desirez des bons espritz, & par l’impressiõ & vente desquelz leur gaing & proufit peult estre augmenté (comme sont les œuures dudict Ronsard ) ilz se ingerêt a les imprimer au desceu des autheurs , & sur telz exéplaires qu’ilz en peuuêt recouurer, sans regarder s’ilz font veritables ou faulx & corrõpuz. Au moyen dequoy & de l’ignorance ou negligence de leurs correcteurs, & pour trop hafter leurs impressiõs comettent en icelles tant de faultes corruptions & vices, que les autheurs voians leurs œu