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Et ne peut onc tant ſe ſceut deſguiſer
Aprendre l’art de bien Petrarquiſer.

Que pleures tu Caſſandre, ma douce âme?
Encor Amour ne veut couper la trame,
Qu’en ta faueur ie pandis au meſtier,
Sans acheuer l’ouurage tout entier.

Mon Roi n’a pas d’une Tygre ſauuage
Sucé le lait, & ſon ieune courage,
Ou ie me trompe, a ſenti quelques fois,
Le trait d’ Amour qui ſurmonte les Rois.

S’il a ſenti ma coulpe est effacée,
Et ſa grandeur ne sera courroucée
Qu’a mon retour des horribles combas,
Hors de ſon croc mon Luc i’aueigne à bas
Le pincetant, & qu’en lieu des alarmes,
Ie chante Amour, tes beautés, & mes larmes,
» Car l’arc tendu trop violentement,
» Ou s’alentit, ou ſe romp vistement.

Ainsi Achile apres auoir par terre,
Tant fait mourir de Soudars en la guerre,
Son Luc doré prenoit entre ſes mains
Teintes encor de meurdres inhumains,
Et vis à vis du fils de Menetie,
Chantoit l’amour de Briseis ſamie,
Puis tout ſoudain les armes reprenoit,
Et plus vaillant au combat retournoit.

Ainſi, apres que l’aïeul de mon maiſtre,
Hors des combas retirera ſa dextre,
Se deſarmant dedans ſa tante à part:
De ſur le Luc a l’heure ton Ronſard