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Non pour autre raiſon aueuglé fut Homere,
Que pour auoir de neuf refraichi la miſere
Des malheureux Troyens, & pour avoir encor,
Par ces vers retrainé la charongne d’Hector,
Pour avoir renaüré la mole Cyprienne,
Pour auoir reſſouillé la poudre phrygienne
Au ſang de Sarpedon, & pour auoir laißé
Encor Mars reſſaigner, de la plume bleßé.
A toi, ainſi qu’a lui les Diens ont eu enuie,
Qui fauoriſoient Troye, & t’ont coupé la vie
Au meillieu de tes ans, de peur qu’une autre fois
Hector ne fut r’occis par les vers d’un François.
Mais bien que mort tu ſois au plus verd de ton age,
Si as tu pour confort gaigné cest auantage,
D’estre mort riche poete, & d’auoir par labeur
Le premier d’un grand Roi merité la faueur:
Qui chaſſa loing de toi la pauureté moleſte
A la troupe des Sœurs, dont la race celeſte
Peu leur ſert auiourdui, que cliquetans des dens
Que d’vn pâle estomach affamé par dedans,
Que d’un œil enfoncé, que toutes deſolées
De fain, parmi les bois n’errent eſcheuelées.
FRANCOIS, le premier Roi des vertus, & du nõ
Prenant a gré d’ouir l’Atride Agamënon
Parler en ſon langage, & par toi les genſdarmes
De Priam, ſon ayeul, faire bruire leurs armes
D’un murmure François: Prince ſus tous humain
Te fit ſentir les biens de la Royale main,
Et le fît a bon droict, comme a l’un de ſa France
Qui des premiers chaſſa le Monstre d’Ignorance,