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Et vn ſourcil qui menace les cieux.
Dedans l’encloz, de noz belles citez,
Mille o mille arts y ſont exercitez.
Le lent ſommeil, ne la morne langueur,
Ne rompent point des ieunes la vigueur:
Car ains que l’Aube ait l’obscur effacé.
De son labeur chaſcun eſt ia laßé:
La Poësie & la Musique Sœurs,
Qui nos ennuis charment de leurs doulceurs,
I ont raquis leurs louanges antiques.
L’art non menteur de nos Mathematiques
Commande aux cieus, la fieure fuit dauant
L’experte main du medecin ſauant.
Nos imagers ont la gloire en tout lieu,
Pour figurer quelque homme ou quelque Dieu,
Si viuement imitans la nature,
Que l’œil raui ſe trompe en leur peinture,
Vn million de fleuues vagabons,
Trainans leurs flots a nos campagnes, bons,
Leichent les murs de tant de villes fortes,
Dordonne, Somme, & toi Seine qui portes
Deſſus ton dos vn plus horrible fais,
Que ſur le tien Neptune tu ne fais.
Adioutés i tant de Palais dorés,
Tant de ſommets de temples honorés,
Jadis rochers, que la main du maçon
Elaboura d’ouurage & de façon.
L’art donte tout, & la perſeuerance.
Que dirons nous encor de noſtre France?
C’eſt ceste terre aus deux Pallas adeſtre,