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ODE.

Toutes les fleurs espanoüyes
Dont le chef ie me ſuis orné,
Au vẽt ſe font énanoüyes :
Et tout le biẽ que i’ay dõné
Par ma bouche, à mon ingrat ventre
S’eſt en rien laiẞé cõſumer,
Comme un tréſor noyé, qui entre
Au fond d’un gouffre de la mer.

Mais la leçon, que par l’oüye
La muſe m’a miſe au cerueau,
Ne s’est perdüe éuanoüye
Comme une fleur du renouueau :
Car tous les cours elle foiſonne
En fruict qui n’a point son egal,
Teſmoing ce liure que ie donne
Pour un preſent à mon Paschal.

Quelcun trouuera bien estrange,
Et ridera ſon front, dequoi
I’heûre, Paschal, d’une louange