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DE P. DE RONSARD.

Quand sus les bords de Die Ariadne laissée
Luy feit sçavoir par toi ses amoureus ennuys,
Ecrivant dessus toi s'amour et sa pensée.

   Je mourois de plaisir voyant par ces bocages
Les arbres enlassés de lierres épars,
Et la lambruche errante en mille et mille pars
Es aubepins fleuris prés des roses sauvages.
   Je mourois de plaisir oyant les dous langages
Des hupes, et coqus, et des ramiers rouhars
Sur le haut d'un fouteau bec en bec fretillars,
Et des tourtres aussi voyant les mariages.
   Je mourois de plaisir voyant en ces beaus mois
Sortir de bon matin les chevreuilz hors des bois,
Et de voir fretiller dans le ciel l'alouëtte.
   Je mourois de plaisir, où je meurs de soucy,
Ne voyant point les yeus d'une que je souhette
Seule, une heure en mes bras en ce bocage icy.

   A pas mornes et lents seulet je me promene,
Non-challant de moi-mesme: et quelque part que j'aille
Un importun penser me livre la bataille,
Et ma fiere ennemie au devant me ramene:
   Penser, un peu de treve, et permets que ma pene
Se soulage un petit, et tousjours ne me baille
Argument de pleurer pour une qui travaille