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DE P. DE RONSARD.

Pour s'en aller chés vous, et rien ne le convie
D'y aller (ce dit-il) que vôtre dous regard.
   Or si vous le chassés, je ne veus plus qu'il vienne
Vers moi, pour y r'avoir sa demeure ancienne,
Hayssant à la mort ce qui vous deplaira:
   Il m'aura beau conter sa peine et son malaise,
Comme il fut paravant plus mien il ne sera,
Car je ne veus rien voir chés moi, qui vous deplaise.

   Rossignol mon mignon, qui dans cette saulaye
Vas seul de branche en branche à ton gré voletant,
Degoisant à l'envy de moi, qui vois chantant
Celle qui faut tousjours que dans la bouche j’aie,
   Nous soupirons tous deux, ta douce vois s’essaie
De flechir celle-là, qui te va tourmentant,
Et moi, je suis aussi cette-là regrettant,
Qui m'a fait dans le coeur une si aigre plaie.
   Toutesfois, Rossignol, nous differons d'un point.
C'est que tu es aimé, et je ne le suis point,
Bien que tous deux aions les musiques pareilles,
   Car tu flechis t'amie au dous bruit de tes sons,
Mais la mienne, qui prent à dépit mes chansons,
Pour ne les escouter se bouche les oreilles.

   Si vous pensés que Mai, et sa belle verdure
De vôtre fievre quarte effacent la langueur,