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Lève tes mains, ah ! mon Dieu, je la voi,
Bien peu s’en faut qu’elle ne parle à moi.



XLVII.


J’allais roulant ces larmes de mes yeux,
Or’ plein de doute, ore plein d’espérance,
Lorsque Henri loin des bornes de France
Vengeait l’honneur de ses premiers aïeux :

Lors qu’il tranchait d’un bras victorieux
Au bord du Rhin d’espagnole vaillance,
Jà se traçant de l’aigu de sa lance
Un beau sentier pour s’en aller aux cieux.

Vous, saint troupeau, mon soutien et ma gloire,
De qui le vol m’a l’esprit enlevé,
Si autrefois m’avez permis de boire

L’eau dont Amour a Pétrarque abreuvé,
Soit pour jamais ce soupir engravé
Au plus saint lieu du temple de mémoire[* 1].


  1. (*) Ce sonnet, imité des derniers vers du IVe livre des Géorgiques de Virgile, détermine la date de la composition des Amours de Cassandre. Ronsard célèbre ici les exploits accomplis en 1552 par le roi Henri, qui, s’étant fait déclarer prolecteur des libertés d’Allemagne, s’empara de Metz, occupa la Lorraine, assiégea Strasbourg et se vengea sur le Luxembourg des ravages que les troupes impériales faisaient en Picardie et en Champagne.