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Avait encore ce monstre combattu,
Ce serait bien de tes faits le treizième.




XLIII.


      Je ne suis point, Muses, accoutumé
De voir vos sauts sous la tarde serée[1] :
Je n’ai point bu dedans l’onde sacrée,
Fille du pied du cheval emplumé[2].

      De tes beaux rais[3] vivement allumé
Je fus poëte : et si ma voix récrée,
Et si ma lyre en t’enchantant t’agrée,
Ton œil en soit, non Parnasse, estimé.

      Certes le ciel te devait à la France,
Quand le Thuscan[4], et Sorgue[5], et sa Florence,
Et son laurier[6] engrava dans les deux :

      Ore trop tard, beauté plus que divine,
Tu vois notre âge, hélas ! qui n’est pas digne,
Tant seulement de parler de tes yeux.


  1. Sous la tarde serée : sous la tardive soirée. les Muses, selon Hésiode et Horace, dansent au clair de lane.
  2. Pégase d’un coup de pied fit jaillir la source d’Hippocrène.
  3. Rais : rayons de tes yeux, regards,
  4. Le Thuscan : le Toscan, Pétrarque.
  5. Sorgue : rivière près d’Avignon, chantée par Pétrarque.
  6. Laurier : Laure, maîtresse de Pétrarque.


XLIV.


      Amour et Mars sont presque d’une sorte :
L’un en plein jour, l’autre combat de nuit,
L’un aux rivaux[1], l’autre aux gendarmes nuit,
L’un rompt un huis[2] l’autre rompt une porte[3] :

  1. Rivaux : compagnons d’amour, (Muret.)
  2. Huis : porte de chambre ou de maison.
  3. Porte de ville fortifiée.