Ou soit qu’un nœud illustré[1] richement
De maints rubis et maintes perles rondes,
Serre les flots de ses deux tresses blondes.
Mon cœur se plaît en son contentement.
Quel plaisir est-ce, ainçois[2] quelle merveille,
Quand ses cheveux troussés dessus l’oreille,
D’une Vénus imitent la façon ;
Quand d’un bonnet sa tête elle adonise,
Et qu’on ne sait, tant neutre elle déguise
Son chef[3] douteux, s’elle est fille ou garçon[* 1] !
- ↑ La pensée du sonnet est empruntée à Horace, Od.,II, 5, vers 21.
XXI[* 1].
Prends cette rose, aimable comme toi
Qui sers de rose aux roses les plus belles,
Qui sers de fleur aux fleurs les plus nouvelles,
Dont la senteur me ravit tout de moi.
Prends cette rose, et ensemble reçois
Dedans ton sein mon cœur qui n’a point d’ailes,
Il est constant, et cent plaies cruelles
N’ont empêché qu’il ne gardât sa foi.
La rose et moi différons d’une chose :
Un soleil voit naître et mourir la rose,
Mille soleils ont vu naître m’amour[1].
- ↑ M’amour : élision pour mon amour (ma amour)
- ↑ Ce sonnet si plein de grâce n’a point, comme le dit justement Muret, besoin de commentaire.