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Tu seras fait du vulgaire la fable,
Tu bâtiras sur l’incertain du sable,
Et vainement tu peindras dans les cieux[1].
Ainsi disait la nymphe qui m’affole,
Lorsque le ciel, témoin de sa parole,
D’un dextre éclair[2] fut présage à mes yeux.
VI.
Je voudrais bien richement jaunissant,
En pluie d’or[1] goutte à goutte descendre
Dans le giron de ma belle Cassandre,
Lorsqu’en ses yeux le somme va glissant ;
Puis je voudrais en taureau blanchissant[2]
Me transformer pour sur mon dos la prendre,
Quand en avril par l’herbe la plus tendre
Elle va, fleur, mille fleurs ravissant[3]
Je voudrais bien pour alléger ma peine,
Être un Narcisse, et elle une fontaine,
Pour m’y plonger une nuit à séjour[4] :
Et si voudrais que cete nuit encore
Fût éternelle, et que jamais l’aurore
Pour m’éveiller ne rallumât le jour[* 1]
- ↑ Ce sonnet déguise avec une délicatesse infinie dans la forme la crudité gauloise de la pensée.