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Rouge est sa fleur, sa feuille un peu noirâtre,
Que la sorcière et la fausse marâtre
Savent cueillir de leurs ongles tranchants,
Disant dessus des mots qui sont méchants ;
Et n’est poison qui si prompte délivre
Loin de son âme un corps fâché de vivre.

( Les plaintes de Clymène sont entendues de sa nourrice.)

Or de fortune à Thuis elle écoutait :
Car la pucelle un peu devant s’était
A sa nourrice en secret découverte.
Cette nourrice, en doute de sa perte,
Toujours en peur de sa fille vivait,
Et pas à pas soigneuse la suivait.
D’un coup de pied la porte elle a poussée ;
Puis, en voyant la pucelle pressée
Des traits de mort, d’un parler redouté,
Lui a l’espoir dans le cœur rebouté.
La conseillant : « O princesse bien née,
En quel malheur ta vie as-tu tournée ?
Suis la raison : le destin ne peut rien
Sur l’homme auteur de son mal et son bien ;
Je ne dis pas que le sort n’ait puissance
Sur tout cela qui çà-bas prend naissance ;
Mais on le peut corriger par conseil ,
Et à la plaie apposer l’appareil.
Chacun y sert à soi-même de guide.
Amour ressemble au scorpion homicide
Qui blesse, et puis à l’ulcère qu’il fait,
Lui-même sert de remède parfait. »

( La nourrice console Clymène et l’engage à faire l’aveu de son amour à Francus.)

De tels propos la fille elle admonète :
Prompte au conseil la pucelle fut prête :