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VIE DE P. DE RONSARD.

possédée. » Sans doute il ne peut prétendre à recouvrer aujourd’hui tous ses honneurs perdus, mais la lecture de ses œuvres, facilitée par un choix tel que celui qui est offert au public, peut du moins le défendre contre l’ingratitude. On verra que même les fautes de Ronsard ont été des services rendus à notre langue, qu’elle fut par lui dotée des trésors de la poésie antique, quelquefois transportés tout vivants dans ses œuvres, mais presque toujours fondus avec tant d’art et de génie qu’elle en est plutôt nourrie qu’ornée, et qu’on ne peut avec raison accuser le poëte,

« D’avoir en français parlé grec et latin. »

On sera, nous l’espérons, convaincu que la réaction contre Ronsard fut, comme l’a dit Boileau, un retour grotesque, et que, même avec l’ode à Duperrier, les quatre strophes traduites du psaume cxlv et l’ode à Louis XIII, Malherbe aurait dû respecter des milliers de vers que notre âge moins injuste défendra contre l’oubli.

A. Noel.

N. B. – Les éditeurs, dans le but de faciliter la lecture et la connaissance des poésies de Ronsard, ont adopté l’orthographe ordinaire, sauf les cas exceptionnels : lorsque les mots ne sont pas de la langue actuelle, lorsque le sens diffère, et lorsque la rime l’exige.