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VIE

vase en argent, ciselé en forme de rocher, représentant le Parnasse, et surmonté d’un Pégase avec cette inscription :

« A Ronsard, l’Appollon de la source des Muses. »

Cependant les années et les infirmités avaient affaibli Ronsard. « De tous les travaux de l’esprit, la poésie est celui qui a besoin d’une plus grande contention, pour trouver des imaginations élevées et séparées du commun. De sorte que ces efforts le consommoient jusques à le faire tomber en de grandes maladies, pour lesquelles les médecins ne lui défendoient rien tant que l’exercice de la poésie. Mais il n’y avoit point de considérations assez fortes pour arracher une chose si profondément imprimée et enracinée en son esprit. » (Du Perron, Or. fun. de P. de Ronsard.)

D’autres, et en particulier le président de Thou, attribuent ses infirmités aux excès d’une jeunesse, que « l’âge et le temps avoient rendue un peu trop sinon desbordée, au moins-fort licentieuse, » et dont Ronsard s’accuse lui-même d’avoir gaspillé la fleur. Aussi ne passa-t-il pas de beaucoup la soixantième année. Le dernier voyage qu’il fit à Paris pour voir son ami Galland, principal du collége de Boncourt[1], fut au mois de février 1585 ; il y demeura jusqu’au mois de juin suivant, sans presque bouger du lit, passant néanmoins le temps à composer des vers.

  1. Le collége de Boncourt, fondé en 1353 par le chevalier P. Becoud, qui légua pour cet établissement l’hôtel qu’il avait sur le Mont Sainte-Geneviève. Très-florissant au seizième siècle, sous P. Galland, il fut depuis réuni au collége de Navarre. (Crevier, Hist. de l’Univ. de Paris.)