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VI.


A LA FONTAINE BELLERIE1;


Écoute-moi, Fontaine vive,
En qui j'ai rebu si souvent,
Couché tout plat dessus ta rive,
Oisif à la fraîcheur du vent :


Quand l'été ménager moissonne
Le sein de Cérés dévêtu,
Et l'aire par compas2 résonne
Gémissant sous le blé battu.


Ainsi toujours puisses-tu être
En religion à tous ceux
Qui té boiront, ou feront paître
Tes verts rivages à leurs boeufs.


Ainsi toujours la lune claire
Voie à minuit au fond d'un val
Les nymphes près de ton repaire,
A mille bonds mener le bal,


Comme je désire, Fontaine,
De plus ne songer boire en toi
L'été, lorsque la fièvre amène
La mort dépite3 contre moi.


1 Voy. Odé 6, liv. 11.
2 Par compas : par mesure, en cadence.
3 Dépite : irritée.


VII.


Jeune beauté mais trop outrecuidée1
De présents de Vénus,


1 Outrecuidée : orgueilleuse.