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Vers l’innocent, et sans branler sois veu Croire en la foy que tes peres ont creu. Mais par-sur tout, obeys à ton Prince, Et n’enfrain point les loix de ta Province : Sois doux et sage, et ne sois avancé De dire à tous ce que tu as pensé, Ains temporise, et tousjours te conseille Aux gens de bien, et leur preste l’oreille. Vivant ainsi, tu seras bien-heureux, Riche d’honneurs, et de biens plantureux : Et mort, ton ame en la vie eternelle Se viendra joindre à la mienne, et à celle De ton bon Oncle, et de ta mere aussi Qui voit du ciel la peine et le souci Qui te tourmente, et fais à Dieu priere Pour ton profit, de ne t’y laisser guiere. Ainsi disant je vins pour l’embrasser, Et par trois fois je la voulu presser, La cherissant : mais la nueuse Idole Fraudant mes doigts, ainsi que vent s’envole Trois fois touchée, et de peur estonné M’a dans le lict tout seul abandonné.


L’ALOUETTE.

Hé Dieu que je porte d’envie
Aux felicitez de ta vie,
Alouette, qui de l’amour
Caquettes dés le poinct du jour,
Secouant la douce rosée
En l’air, dont tu es arrosée.
Davant que Phqsbus soit levé
Tu enleves ton corps lavé
Pour l’essuyer pres de la nue,
Tremoussant d’une aile menue ;
Et te sourdant à petits bons,
Tu dis en l’air de si doux sons
Composez de ta tirelire,