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I. LIVRE DES ODES

Chenu de mœurs, jeune de force,
Amy d’espreuve, qui s’efforce.
Secourir les siens au besoing.
   Celuy qui sur la teste sienne
Voit l’espée Sicilienne,
Des douces tables l’appareil
N’irrite sa faim, ny la noise
Du Rossignol qui se desgoise,
Ne luy rameine le sommeil.
   Mais bien celuy qui se contente
Comme toy, la mer il ne tente,
Et pour rien tremblant n’a esté,
Soit que le bled fausse promesse,
Ou que sa vendange se laisse
Griller aux fiâmes de l’Esté.
   De celuy, le bruit du tonnerre,
Ny les nouvelles de la guerre
N’ont fait chanceler la vertu :
Non pas d’un Roy la fiere face,
Ny des pirates la menace
Ne luy ont le cœur abbatu.
   Taisez vous ma lyre mignarde,
Taisez vous ma lyre jazarde.
Un si haut chant n’est pas pour vous :
Retournez louer ma Cassandre,
Et desur vostre lyre tendre
Chantez la d’un fredon plus dous.


À CASSANDRE.

ODE XVII.

  Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée.
Et son teint au vostre pareil.
  Las ! voyez comme en peu d’espace,