Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 3.djvu/442

Cette page n’a pas encore été corrigée
[Texte de 1560 : Livre V, xxiii.]

IIon petit Bouquet mon mignon.
Qui m’es plus fidel compaignon
Qu’Oreste ne fut à Pilade,
Tout le jour quand je suis malade
Mes valets qui pour leur devoir
Le soing de moy devroient avoir.
Vont à leur plaisir par la ville,
Et ma vieille garde inutile
Apres avoir largement beu
Yvre, s’endort auprès du feu,
A l’heure qu’elle me deust dire
Des contes pour me faire rire.
Mais toi petit bouquet, mais toi
Ayant pitié de mon esmoy
Jamais le jour tu ne me laisses
Seul compagnon de mes tristesses.
Que ne pui-je autant que les dieux ?
Je t’envoiroi là haut aux cieux
Fait d’un bouquet un astre insigne,
Et te mettrois auprès du Cigne
Que Bacus dans le ciel posa
Quand Ariadne il espousa.
Qui seule lamentoit sa perte
Au pied d’une rive déserte.


[Texte de 1560 : Livre V, xxx.]

Tay toy babillarde Arondelle,
Ou bien je plumeray ton aile
Si je t’empongne, ou d’un couteau
Je te couperay la languette,
Qui matin sans repos caquette,
Et m’estourdit tout le cerveau.
 
Je te preste ma cheminée
Pour chanter toute la journée.