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Et bénigne guarira
Le mal que ton cœur endure.

Ronsard.

 
Alors je luy respondis :
Hé qu’esse que tu me dis ?
Veux-tu rabuser ma vie ?
Apres me voir eschapé
De celle qui m’a trompé,
Veux-tu que je m’y refie ?

Dix ans sont que je la suis,
Et que pour elle je suis
Comme une personne morte :
INIais en lieu de lui ployer
Son orgueil, pour tout loyer
Je muse encor à sa porte.

Non-non il vaut mieux mourir
Tout d’un coup, que de périr
En langueur par tant d’années :
Ores je veux de ma main
Me tuer, pour voir soudain
Toutes mes douleurs finées.

L’Espérance.

 
Ah, qu’il te feroit bon voir
De tomber en desespoir,
Quand l’Espérance te guide :
Laisse-laisse ton esmoy.
Laisse ta dague, et suy-moy
Là haut chez ton homicide.

Disant ces mots je suivy
Ses pas, tant que je me vy
Dans la chambre de Cassandre.

Tien, dit l’Espérance, tien :
Tout exprès icy je vien
Pour Ion fugitif te rendre.