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Qui sourds, u’enteadent les prières
Des pauvres barques marinières.


ODE XXXIII.


Le boiteux mary de Venus
Avecques ses Cyclopes nus
R’allumoit un jour les flameches
De sa forge, à fin d’eschaufer
Une grande masse de fer
Pour en faire à l’Amour des flèches.

Venus les trampoit dans du miel,
Amour les trampoit dans du fiel.
Quand Mars retourné des alarmes
En se moquant, les mesprisoit :
Et branlant sa hache disoit,
Voicy bien de plus fortes armes.

Tu t’en ris donq, luy dist Amour,
Vrayment tu sentiras un jour
Combien leur poincture est amere.
Quand d’elles blessé dans le cœur,
ïoy qui fais tant du belliqueur.
Languiras au sein de ma mère.


ODE XXXIIII.

Si j’avois un riche trésor.
Ou des vaisseaux engravez d’or,
Tableaux, ou médailles de cuivre.
Ou ces joyaux qui font passer
Tant de mers pour les amasser,
Où le jour se laisse revivre.
Je t’en ferois un beau présent :
Mais quoy ? cela ne t’est plaisant.
Aux richesses tu ne t’amuses
Qui ne font que nous estonner :
C’est pourquoy je te veux donner
Le bien que m’ont donné les Muses.