Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 3.djvu/367

Cette page n’a pas encore été corrigée

<poemMais adieu, c’est trop caqueté, Tu m’as rendue plus jazarde (Qu’une Corneille babillarde : Trop longuement icy j’attens, Baille moy response, il est temps.</poem>


ODE XXXII.

En vous donnant ce portrait mien,
Dame, je ne vous donne rien :
Car tout le bien qui estoit nostre.
Amour dés le jour le fist vostre.
Que je receu dedans le cœur
Vostre nom et vostre rigueur :
Puis la chose est bien raisonnable.
Que la peinture resemblable
Au corps, qui languist en soucy
Pour vostre amour, soit vostre aussi.

Mais voyez comme elle me semble
Pensive, triste et palle ensemble,
Portraite de mesme couleur
Qu’Amour a portrait son seigneur !
Que pleust à Dieu que la Nature
M’eust fait au cœur une ouverture.
Afin que vous eussiez pouvoir
De me cognoistre et de me voir !
Làs ! ce n’est rien de voir, Maistresse,
La face qui est tromperesse.
Et le front bien souvent moqueur :
C’est le tout que de voir le cœur.
Vous voirrez du mien la constance,
La foy, l’amour, l’obeyssance ;
Et les voyant, peut estre aussi
Qu’auriez de luy quelque merci.
Et des angoisses qu’il endure :
Voire quand vous seriez plus dure
Que les rochers Caucaseans,
Ou les naufrages Aegeans,