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V. LIVRE DES ODES 29I

Lors me voyant en asseurance,
Je publi'ray parmy la France
Le loz de ta divinité,
Tes vertus, bontez, et doctrine,
Les vrais boucliers de ta poitrine
Blanchissante en virginité :

  Afin qu'après ma voix fidelle,
Les meres tard à la chandelle
Pirouëtant les fuseaux pleins,
Content tes vertus précieuses
A leurs filles non ocieuses,
Pour tromper le temps et leurs mains.

  Peut estre aussi, alors que l'âge
Aura tout brouillé ton lignage,
Le peuple qui lira mes vers,
Abreuvé d’une gloire telle,
Ne te dira femme mortelle,
Mais sœur de Pallas aux yeux vers :

  Et te fera des édifices
Tous enfumez de sacrifices,
Si bien que le siècle avenir
Ne cognoistra que Marguerite,
Immortalisant ton mérite
Par un eternel souvenir.

ODE III.

  Quand les filles d’Achelois,
Les trois belles chanteresses,
Qui des hommes par leurs vois
Estoient les enchanteresses,
Virent jaunir la toison,
Et les soudars de Jason
Ramer la barque Argienne
Sur la mer Sicilienne :
  Elles d'ordre flanc à flanc,
Oisives au front des ondes,