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IV. LIVRE DES ODES

Est-il rien sans elle de beau ?
La Rose embellit toutes choses.
Venus de Roses a la peau.
Et l’Aurore a les doigts de Roses,
Et le front le Soleil nouveau.
Les Nymphes de Rose ont le sein,
Les coudes, les flancs et les hanches :
Hebé de Roses a la main,
Et les Charités, tant soient blanches,
Ont le front de Roses tout plein.
Que le mien en soit couronné.
Ce m’est un Laurier de victoire :
Sus, appellon le deux-fois-né.
Le bon père, et le faison boire
De ces Roses environné.
Bacchus espris de la beauté
Des Roses aux fueilles vermeilles,
Sans elles n’a jamais esté,
Quand en chemise sous les treilles
Beuvoit au plus chaud de l’Esté.


ODE XLIII.

Je suis homme nay pour mourir.
Je suis bien seur que du trespas
Je ne me sçaurois secourir
Que poudre je n’aille là bas.
Je cognois bien les ans que yay :
Mais ceux qui me doivent venir
Bons ou mauvais, je ne les sçay,
Ny quand mon âge doit finir.
Pour-ce fuyez-vous-en esmoy.
Qui rongez mon cœur à tous coups,
Fuyez-vous-en bien loin de moy,
Je n’ay que faire avecque vous.
Aumoins avant que trespasser,
Que je puisse à mon aise un jour
Jouer, sauter, rire et danser
Avecque Bacchus et Amour.