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IV. LIVRE DES ODES

Je voudrois estre tout autour
Le coural qui tes lèvres touche,
A fin de baiser nuict et jour
Tes belles lèvres et ta bouche.

ODE XXXVII.

  Pourquoy comme une jeune poutre
De travers guignes tu vers moy ?
Pourquoy farouche fuis-tu outre
Quand je veux approcher de toy ?

  Tu ne veux souffrir qu’on te touche ;
Mais si je t’avoy sous ma main,
Asseure toy que dans la bouche
Bien tost je t’aurois mis le frain.

  Puis te voltant à toute bride
Je dresserois tes pieds au cours.
Et te piquant serois ton guide
Par la carriere des Amours,

  Mais par l’herbe tu ne fais ores
Qui suivre des prez la fraicheur,
Pource que tu n’as point encores
Trouvé quelque bon chevaucheur.

ODE XXXVIII.

  Ha, si l’or pouvoit allonger
D’un quart d’heure la vie aux hommes.
De soin on devroit se ronger
Pour l’entasser à grandes sommes :

  Afin qu’il peust servir de pris
Et de rançon à nostre vie.
Et que la mort en l’ayant pris,
De nous tuer n’eust plus envie.

  Mais puis qu’on ne la peut tarder
Pour don, ny pour or qu’on luy offre.
Que me serviroit de garder
Un trésor moisy dans mon coffre ?