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IV. LIVRE DES ODES

ODE XXV.

  Bel Aubepin fleurissant,
Verdissant
Le long de ce beau rivage,
Tu es vestu jusqu’au bas
Des longs bras
D’une lambrunche sauvage.
  Deux camps de rouges fourmis
Se sont mis
En garnison sous ta souche :
En ton pied demy-mangé
Allongé
Les avettes ont leur couche.
  Le chantre Rossignolet
Nouvelet,
Courtisant sa bien-aimée,
Pour ses amours alleger
Vient loger
Tous les ans en ta ramée.
  Sur ta cime il fait son ny
Tout uny
De mousse et de fine soye,
Où ses petits esclorront.
Qui seront
De mes mains la douce proye.
  Or vy gentil Aubepin,
Vy sans fin,
Vy sans que jamais tonnerre,
Ou la coignée, ou les vens,
Ou les temps
Te puissent ruer par terre.


ODE XXVI

Du grand Turc je n’ay souci,
Ny du grand Souldan aussi :