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IV. LIVRE DES ODES


  Bois, bien que perdiez tous les ans
En l’hyver voz cheveux plaisans,
L’an d’après qui se renouvelle.
Renouvelle aussi vostre chef :
Mais le mien ne peut derechef
R’avoir sa perruque nouvelle.

  Antres, je me suis veu chez vous
Avoir jadis verds les genous.
Le corps habile, et la main bonne :
Mais ores j’ay le corps plus dur,
Et les genous, que n’est le mur »
Qui froidement vous environne.

  Ondes, sans fin vous promenez.
Et vous menez et ramenez
Voz flots d’un cours qui ne séjourne :
Et moy sans faire long séjour
Je m’en vais de nuict et de jour.
Mais comme vous, je ne retourne.

  Si est-ce que je ne voudrois
Avoir esté rocher ou bois.
Pour avoir la peau plus espesse,
Et veincre le temps emplumé :
Car ainsi dur je n’eusse aimé
Toy qui m’as fait vieillir, Maistresse.

ODE XIII.

Nymphe aux beaux yeux, qui souffles de ta bouche
Une Arabie, à qui près en approuche,
      Pour desraciner mon esmoy
      Cent mille baisers donne moy.

Donne les moy, çà que je les dévore :
Tu fais la morte, il m’en faut bien encore :
      Redonne m’en deux mihers donc.
      Et sur tous un qui soit plus long

Que n’est celuy des douces colombelles
Prises au jeu de leurs amours nouvelles :